Kirk Kerkorian: Biographie d’un géant du casino
Parti vraiment de rien, Kirk Kerkorian est devenu l’un des hommes les plus riches de la planète.
Magnat du casino, mais également du pétrole et de l’automobile, celui que les Américains ont surnommé Cap’tain Kirk possède un parcours tout à fait atypique qui en fait un authentique self-made-man.
Des rues de Fresno aux luxueux casinos de Vegas ou de Macao, il n’y a donc finalement qu’un grand pas que Kerkorian a pris le temps de franchir.
Un authentique self-made-man
Kerkor Kerkorian est né le 6 juin 1917 à Fresno, en Californie, dans une très modeste famille d’immigrants arméniens. La vie est dure pour ce petit garçon qui affiche pourtant très tôt son ambition de réussir. Obligé d’abandonner l’école en classe de 4e, il devient alors laveur de vitres dès l’âge de 13 ans.
N’ayant aucun diplôme, il devient alors boxeur. Sa hargne et son excellent coup droit lui valent alors le surnom de « Rifle Right Kerkorian ». Malgré un parcours assez prometteur sur les rings (29 victoires contre 4 défaites), il déposera les gants pour s’orienter vers les tables de jeu. Développant un attrait certain pour les jeux d’argent, il devient alors joueur de poker professionnel.
Mais en 1940, la Seconde Guerre mondiale modifie à nouveau ses plans. Sur les conseils d’un ami, il s’engage dans la Royal Air Force en tant que pilote d’avion de chasse. La témérité et le côté battant de Kirkorian le font ainsi entrer dans le domaine qui lui permettra plus tard de faire fortune : l’aéronautique.
Après la guerre, il lance en effet une compagnie aérienne qui opère depuis Las Vegas sur des terrains qu’il a acquis. Investissant au départ seulement 60 000 dollars dans l’entreprise, il la fait fructifier tant et si bien qu’en 1968, il reçoit une offre de rachat de la TransInternational Airlines qui l’acquerra pour 104 millions de dollars. Un exemple de management qui laissa plus d’un grand entrepreneur perplexe.
Kerkorian venait ainsi de trouver la base de sa fortune, d’autant plus que Cap’tain Kirk avait réussi, au terme de la transaction, à conserver ses terres de Las Vegas. Il y construira des hôtels et des casinos, le socle de son empire.
L’empire MGM
Dès 1973, Kirkorian investit dans le cinéma en rachetant les studios de la MGM (Metro-Goldwyn-Mayer) en perte de vitesse à l’époque. Mais le cinéma, ce n’est pas vraiment son truc. Ce qu’il aime, ce sont les jeux d’argent. Ainsi, dans la même année, il consacre beaucoup plus ses efforts à la construction du MGM Grand Hotel & Casino.
Ce sera pendant quelques années le plus grand hôtel du monde, et son casino, le plus réputé de Las Vegas. En 1980, Kerkorian rachète le Las Vegas and Reno qu’il revendra six années plus tard à Bally Manufacturing, réalisant une plus-value de quelques centaines de millions de dollars. En 1988, il récidive en rachetant à Howard Hughes le Sands de Las Vegas, qu’il revendra seulement six mois plus tard à Sheldon Adelson, avec bien évidemment un bonus conséquent.
Cette grande habileté à faire fructifier ses investissements lui permet d’étendre très rapidement le groupe MGM Resorts. Possédant une vingtaine de casinos à Vegas, Atlantic City et Macao, dont The Mirage, Bellagio Casino ou encore MGM Macao, ce groupe qui est côté en bourse assure ainsi la fortune du désormais milliardaire Kirk Kerkorian.
Aujourd’hui, le groupe MGM Resorts est propriétaire de plus de 50 % des chambres d’hôtel de luxe du Strip de Vegas.
Tracinda Corps
Pour assurer le contrôle majoritaire de MGM Mirage, Kerkorian crée Tracinda Corporation. Formée à partir de Tracy et Linda (prénom de ses filles), cette compagnie lui permettra également de diversifier ses investissements. Capitaliste à souhait, il se lance dans une quête des grandes sociétés cotées en bourse et rencontrant des difficultés financières. Sa première cible sera l’industrie automobile des États-Unis.
Il prendra ainsi des parts dans le capital de General Motors, puis dans celui de Ford dont il est le principal actionnaire avec 9,9 % des parts. Il essaiera d’ailleurs en vain de racheter une partie du groupe Daimler-Chrysler, puis de favoriser un rapprochement entre Renault-Nissan et General Motors. On retrouve également Tracinda Corps dans le capital de quelques géants de l’industrie pétrolière tels que Delta Petroleum.
Kirk Kerkorian est par ailleurs très engagé dans le développement de son pays d’origine. Au cours des dernières années, il a en effet fait don de plus de 170 millions de dollars pour la mise sur pied de différents projets de développement en Arménie. En 2004, il est ainsi fait Héros national de l’Arménie.
Lundi 15 juin 2015, Kirk Kerkorian s’est éteint à Los Angeles à l’âge de 98 ans. Les casinos du groupe pleurent ce visionnaire qui a monté un empire en partant de rien et reste une incarnation vivante du rêve américain.