A première vue, certaines décisions de justice peuvent vraiment paraître étranges. Le jeudi dernier, un juge d’appel du New Jersey a reconnu au Casino Borgata and Spa le droit de prendre toutes les mesures disciplinaires jugées utiles à l’encontre des employées qui auraient abusivement pris ou perdu du poids. Leur contrat stipule en effet qu’elles se doivent de maintenir un certain poids pendant tout leur service ainsi qu’un sourire blanc et éclatant. Au grand désarroi des 21 plaignantes, leur employeur peut donc désormais les licencier si elles ne réussissent pas le test de la pesée.
Une règle discriminatoire ?
Pour les responsables du Borgata, le physique des employés, hommes comme femmes, est très important. C’est pourquoi une prise de poids excessive est perçue comme nuisible pour le business et pour l’image du Casino. Il est convenu que le serveur ou la serveuse qui s’engage avec le Borgata ne peut pas prendre ou perdre plus de 7% du poids qu’il avait à la signature de son contrat de travail. En faisant une petite simulation, pour une vendeuse de 60 kg, la fourchette tolérée se situe entre 55,8 kg et 64,2 kg. Etant donné que les femmes sont très légèrement vêtues (corsets serrés, mini-jupes, bas et talons aiguilles), il va sans dire que les règles sont un peu plus strictes en ce qui les concerne.
C’est la raison pour laquelle plus d’une vingtaine de serveuses du casino se sont portées devant le tribunal afin de dénoncer cette clause jugée rétrograde. L’un de leurs principaux arguments est que leurs collègues masculins n’étaient pas soumis à autant d’exigences physiques et que cette clause était fondée sur un principe discriminatoire. La cour les a simplement déboutées au motif que la clause en question était valable pour tout le personnel et qu’en tant que telle, elle n’était guère discriminatoire.
Des objets sexuels en mini-jupes et talons hauts ?
Bien qu’ayant reconnu que ce contrat reposait sur un « stéréotype archaïque »et que les « Babes » étaient présentées comme des « objets sexuels », le juge a quand même débouté la partie plaignante. Frustrée par cette décision, l’avocate des demandeurs, Nancy Mullin, avoue qu’elle ne comprend pas comment une cour qui reconnait le caractère rétrograde d’une politique sociale pouvait au même moment affirmer que cette politique n’était pas contraire à la loi sur la discrimination. Pour elle, aucune politique commerciale ne peut justifier que des femmes soient transformées en objets sexuels.
Quand le règlement conduit au harcèlement
L’une des implications tacites de cette politique du Borgata, c’est que ses serveuses sont constamment scrutées voire pesées dans le but de déceler d’éventuels kilos en trop. Une employée rapporte que son supérieur est allé jusqu’à l’accuser de feindre une grossesse afin de camoufler sa prise de poids alors qu’elle était vraiment enceinte. Une autre rapporte qu’après sa grossesse, elle n’a cessé d’être pesée à répétition.
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