Suite à la descente de police menée par le Service Central des Courses et Jeux (SCCJ) dans le Casino Partouche de Cannes qui avait conduit à l’arrestation de deux responsables de l’établissement, le groupe casinotier a décidé de porter plainte contre le patron du service de contrôle.
Les patrons du numéro 2 français des casinos dénoncent notamment la désastreuse communication autour de l’opération et évoquent un acharnement contre ses intérêts. Une affaire inédite !
Deux plaintes au beau milieu d’une enquête judiciaire
Entre le groupe Partouche et le SCCJ, ça n’a jamais vraiment été la lune de miel. Mais les discordances entre les deux parties ont atteint leur pic le 11 mars dernier, lors de la rocambolesque perquisition menée par les agents du service de contrôle, dans le Pasino de Cannes.
Concluant une enquête menée depuis plusieurs semaines sur des soupçons d’abus de biens de sociaux, la descente conduit à l’arrestation de deux responsables de l’établissement. Mais à la stupéfaction des dirigeants du groupe Partouche, toute l’opération est filmée par une caméra de M6.
Si bien que le soir-même, toute la France est au courant de l’affaire dont la presse fait ses choux gras. Pire, une semaine après les faits, Philippe Ménard, grand patron du SCCJ, accorde une interview à France Bleu, dans laquelle il évoque une potentielle fermeture administrative du Casino de Cannes sur fond de détournements. Pendant ce temps, le cours en bourse de l’action Partouche dévisse complètement, occasionnant une perte de capitalisation de 65 millions d’euros.
C’en est trop pour les responsables du groupe Partouche qui décident de déposer deux plaintes. La première, déposée contre X, porte sur une violation du secret de l’instruction ; le groupe Partouche étant persuadé que la présence d’un journaliste, caméra au poing, sur les lieux de l’opération, n’est pas le fruit du hasard. Quant à la seconde, elle est déposée directement contre Philippe Ménard, pour diffamation.
>>> Lire également : « Le torchon brûle entre les casinos Partouche et la SCCJ«
Des débats houleux entre les deux parties
Répondant à la citation à comparaître ce mardi 16 octobre, le patron du SCCJ et son avocat étaient face à Fabrice Paire, président du directoire du groupe Partouche, et son avocate.
Une rencontre qui n’a clairement pas été des plus cordiales. Tout au long de l’audience, le commissaire Ménard n’a eu de cesse de démontrer son impartialité dans la gestion de l’enquête menée à l’encontre du géant casinotier, balayant du revers de la main, toute intention de nuire à l’image de Partouche.
Revenant sur son interview à l’origine de la plainte, il a déclaré avoir voulu expliquer la démarche de son service. Campant sur sa position, Fabrice Paire a, pour sa part, rappelé l’existence d’antécédents entre son groupe et le service de régulation qui pourraient expliquer l’hostilité avec laquelle le dossier aurait été géré.
Pour le représentant du groupe Partouche, l’opération aurait pu être menée dans de toutes autres conditions, et la communication autour était totalement inopportune.
Verdict le 18 décembre 2018
Estimant que les actions du groupe Partouche visent purement et simplement à l’éjecter de son poste, l’avocat de Philippe Ménard a plaidé la relaxe pour son client et demandé des indemnités de 5 000 € pour procédure abusive.
Quant au groupe Partouche et à son partenaire en charge de la gestion du Casino 3.14 de Cannes (la société CCC), ils réclament chacun la somme de 10 000 € en guise de dommages et intérêts.
Les plaignants ont également demandé la suppression immédiate de l’interview diffusée par France Bleu, ainsi que la publication d’un communiqué judiciaire sur l’affaire. Pour connaître le vainqueur de ce duel inédit, il faudra attendre le 18 décembre, date du jugement.
Laisser un commentaire